vendredi 11 janvier 2008

#2 Feist - "1, 2, 3, 4"

Alors que cette vidéo (04/2007) est dansante, colorée, inventive, techniquement bien foutue et tout et tout, je ne pense pas qu'elle mérite à elle-seule cette deuxième place.



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Non, et au delà de tous les clips de Feist (qui ne sont pas forcément extraordinaires si l'on excepte Inside & out réalisé par Ramon & Pedro en 2004) et de tous les clips réalisés par Patrick Daughters (avec toujours des idées audacieuses, comme par exemple lorsqu'il se fait remettre le CADS 2007 de la meilleure vidéo internationale...), cette deuxième place inclut l'autre collaboration de l'année entre ces deux artistes (à laquelle il convient d'associer la chorégraphe québécoise Noémi LaFrance) : "My Moon My Man" (04/2007).



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De plus, Daughters est le seul à faire danser Feist dans ses vidéos. Alors qu'elle y apporte une certaine touche personnelle, presque émotionnelle, le réalisateur de clips, de pubs et bientôt de long métrage est le seul à l'avoir convaincue de danser. Il l'avait déjà fait en 2005 pour la deuxième version de "Mushaboom" (09/2005).



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Mais revenons à "1, 2, 3, 4". Celui-ci nous marque par la bonne humeur se dégageant de l'alliance entre musique et image, par l'apparition puis la disparition des danseurs derrière Leslie Feist au début et à la fin de la vidéo et enfin par un plan-séquence à certains égards vertigineux.


Et s'il ne s'agissait pas d'un plan-séquence, et si la vidéo que nous voyons n'avait pas été tournée en une seule prise, et si ce clip était bourré d'effets spéciaux ? La façon avec laquelle apparaissent une dizaine de danseurs derrière la chanteuse à la 26ème seconde est suspecte, tout comme l'aisance avec laquelle elle réussi à en dissimuler une cinquantaine à la troisième minute. La très probable raison (le réalisateur ne s'est jamais exprimé sur le sujet) en est l'emploi du motion control, appareillage mécanique permettant la répétition précise de mouvements de caméra.


Une première prise a ainsi dû filmer la chanteuse entourée des six danseurs mis en avant à la 121ème seconde, ceux-ci ayant régulièrement durant la vidéo des postures en décalage avec le reste du groupe et étant assez proches de la chanteuse lors des portés. Une fois les mouvements de caméra enregistrés (dont la spirale en plongée totale débutant à la 87ème seconde et celle horizontale dès la 115ème seconde), la prise est recommencée mais cette fois-ci sans les six danseurs de la première prise (mais probablement avec Feist).


Il a probablement fallu tourner plusieurs "double-prises" pour en avoir deux "collant" parfaitement l'une sur l'autre. C'est ainsi qu'au début et à la fin n'apparaît que la prise avec sept personnes (Feist étant alors la seule dans le cadre et les six danseurs étant encore hors-champs), et que la prise avec un maximum de personne est assemblée à la première la plupart du temps.



Toutes ces données exposées, l'idéal serait de voir le motion control appliqué à un autre vidéo afin de comprendre au mieux son intérêt. Si cette technique est souvent employée au cinéma afin d'intégrer des effets spéciaux générés par ordinateurs, l'exemple suivant est un clip, et certainement celui faisant l'usage le plus déroutant du motion control : "Come Into My World" de Kylie Minogue, réalisé par Michel Gondry (10/2002).



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L'extrait suivant, tiré du documentaire "I've Been 12 forever" (et présent sur le DVD "Work of Director : Michel Gondry") montre a quoi peut ressembler le dispositif mécanique, le réalisateur omettant de dire qu'il a ensuite fallu deux semaines de post-production à son frère Olivier pour détourer l'ensemble des éléments mobiles, ceci afin de recaler / recoller ceux-ci.





Quel est intérêt de cette vidéo si ce type d'effet spécial a déjà été employé ? Sa qualité réside justement dans le fait que l'on ne se doute pas qu'il y a un trucage, que l'on imagine qu'il y a à la fin du clip cinquante personnes cachées derrière Feist. Patrick Daughters a eut l'élégance d'employer une technique lourde matériellement et financièrement sans pour autant faire son crâneur. C'est ainsi que le morceau et ces pas de danse parfois hésitants (faîtes attention au roux à pull jaune situé sur la gauche à la 50ème seconde...) gardent un semblant de fraîcheur et de spontanéité alors qu'il y a probablement eut une dizaine de prise.



Si vous n'êtes toujours pas convaincu des qualités et autres bienfaits de "1, 2, 3, 4", même après avoir lu cet article , espérons qu'au moins vous appréciez "My Moon, My Man"  sans que j'ai à en faire l'analyse. Promis : la prochaine fois je ne parlerais pas d'un des membres de la famille Gondry.


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